JOURNÉE MONDIALE DES ZONES HUMIDES

2 février

Des hauts de Meuse à la plaine de la Woëvre, l’eau a toujours été le maître d’œuvre de nos paysages. À l’époque du jurassique (-150 millions d’années), une mer chaude et peu profonde formait des dépôts sédimentaires d’organismes vivants tels que les coraux, oursins et autres ammonites, futures roches-mères de nos sols et sous-sols. 

Les différentes phases géologiques se succédèrent. La mer se retirera et laissa apparaitre petit à petit les côtes de Meuse et leurs roches calcaires. Celles-ci furent façonnées par les phénomènes d’érosion tout au long des ans.  

C’est sur ces roches calcaires friables et poreuses des hauts de Meuse que le Longeau prit naissance, érodant saison après saison la vallée qui portera son nom. Il tire sa source aux Étangs du Longeau. Les buttes-témoins de la Côte des Hures, du Montgirmont et de la Côte Amarante se formèrent et témoignent aujourd’hui, parleur avancée sur la plaine, du recul permanent des côtes.  

L’eau jaillit aux pieds des côtes par de multiples sources et ruisseaux que les hommes ont domptés en y installant des lavoirs et des fontaines. L’eau s’infiltre partout, formant un réseau dense de cours d’eau qui inondent la plaine de la Woëvre. Ce nom, qui à l’époque signifiait “marais” en ancien français, nous permet d’imaginer le paysage d’antan. La multitude de zones humides à la végétation dense et l’impraticabilité des sites faisaient apparaitre dans l’imaginaire populaire des créatures étranges et terrifiantes comme la “Vouivre”. Depuis, l’Homme a su canaliser l’eau, d’abord en créant des étangs avec les moines cisterciens de Saint-Benoît-en-Woëvre et Pillon pour la production de poissons, puis avec la technique de culture sur ados permettant de surélever les terres et favorisant l’apparition des céréales. Ainsi les progrès agricoles ont permis, de décennies en décennies, avec le drainage et le recalibrage des cours d’eau, d’améliorer l’emprise sur les terres lourdes et humides de la plaine, laissant ça et là des reliquats de ces temps où la nature gagnait encore sur l’Homme.  

Comme partout, notre territoire a vu s’amenuiser les espaces dits de zones humides. Mais l’Homme a aussi eu un rôle important dans la préservation de ces zones. Il a même contribué à en créer de nouvelles. Ainsi, la construction de l’autoroute A4 dans les années 70 a permis le creusement de nombreux étangs aux abords du Longeau. En effet, ce dernier, lors de la longue érosion de la vallée en amont, a déposé des alluvions récentes (type grèves), matériaux convoités par les constructeurs autoroutiers. L’étang de la Pochie et le plan d’eau du Colvert en sont des exemples ; l’action de l’Homme a permis par endroits le développement de nouvelles zones naturelles. L’Homme trouve dans ces milieux humides de nouveaux intérêts environnementaux, touristiques et de loisirs (pêche, randonnée, baignade).  

Le CPIE de Meuse œuvre depuis longtemps dans la préservation des zones humides en sensibilisant largement les publics aux enjeux de préservation. Les plus jeunes comme les adultes sont régulièrement invités à la découverte du monde des invertébrés aquatiques (libellules, punaises aquatiques, etc.). 

Depuis quelques années, le CPIE de Meuse accompagne aussi des porteurs de projets (particuliers, agriculteurs et collectivités territoriales) dans leur volonté d’améliorer la qualité et le nombre de zones humides. C’est au travers d’appels à projet comme la Trame verte et bleue que de nombreuses mares ont vu le jour sur notre territoire. Le CPIE de Meuse accompagne également les collectivités sur la gestion de zones humides (étangs par exemple). L’ancrage territorial et la connaissance des milieux naturels permettent au CPIE de faciliter les actions de préservation des zones humides, en collaboration avec l’ensemble des partenaires techniques (CEN de Lorraine, PNR de Lorraine, ONF, etc.) et financiers (Agences de l’eau, Région, DREAL, Département, etc.).

Luc Lastu – Chargé d’études biodiversité – agriculture au CPIE de Meuse

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